Certains prétendent que je suis né le 18 novembre 1928, lors de la première diffusion à l’écran d’un dessin animé appelé Steamboat Willie, une parodie d’un film de l’époque avec Buster Keaton. Plus exactement, c’est quelques mois plus tôt que je suis croqué pour la première fois, lors de deux courts-métrages. Mon physique n’est pas tout à fait le même qu’aujourd’hui : mes yeux sont plus gros, voire exorbités, et mon visage allongé. Néanmoins, mes deux grandes oreilles rondes apparaissent déjà à l’écran : quel que soit l’angle sous lequel je suis dessiné, elles sont toujours visibles en même temps.

Steamboat Willie
La première apparition publique de Mickey, dans le dessin animé "Steamboat Willie", projeté pour la première fois le 18 novembre 1928. ©The Walt Disney Company
Steamboat Willie

Savez-vous que vous avez bien failli ne jamais me connaître ? C’est le lapin chanceux Oswald qui devait devenir la figure emblématique de Disney, mais des problèmes de contrat lui ont fait perdre ses droits sur lui. On dit que c’est Walt Disney lui-même qui me donne le jour, alors qu’il voyage en train, déçu d’avoir perdu Oswald. En réalité, il ne fait que m’ébaucher car ses piètres talents en graphisme ne lui permettent pas de me croquer correctement. C’est le dessinateur Ub Iwerks qui me donne mes traits définitifs. Je suis d’abord baptisé Mortimer, avant que Madame Disney ne me renomme Mickey, jugeant l’autre nom trop « snob ». Du moins, c’est ce que la légende raconte…

Lors de la projection de Steamboat Willie, beaucoup de spectateurs se déplacent pour me voir. Mon créateur a innové en me faisant parler alors que le premier film sonore n’était apparu que quelques mois plus tôt. C’est Walt Disney en personne qui me prête sa voix pendant plus de vingt ans, raison pour laquelle elle est a perdu de ses aigus au fil du temps. Une musique d’orchestre vient s’ajouter en bande son à chaque épisode, marque de fabrique de mes dessins animés.

Si aujourd’hui j’apparais comme un personnage sympathique, raisonnable et au grand cœur, il n’en a pas toujours été ainsi. Mes premières apparitions font de moi un être humanisé avec ses colères, ses défauts, ses mauvaises farces. Mais c’est l’image des Etats-Unis qui en pâtit car je suis censé en être le digne représentant. Quelques années plus tard, mon acolyte Donald est dessiné pour qu’on puisse lui attribuer tous mes défauts, et me refaire une santé angélique. D’autres personnages comme Minnie, Dingo, Clarabelle, Horace ou encore mes neveux Jojo et Michou sont venus compléter la liste de mes amis.

En 1929, un accessoire aujourd’hui incontournable m’est ajouté : ma célèbre paire de gants. Il ne s’agit pas d’un caprice esthétique de ma part, mais d’une solution à un souci technique. En effet, comme les dessins animés sont diffusés en noir et blanc, mes mains demeurent invisibles lorsqu’elles passent devant mon corps. Grâce à ce détail vestimentaire, le spectateur peut mieux visualiser mes gestes. Je les ai gardés même si la couleur est apparue assez rapidement, en 1935.

Mon corps va encore subir quelques modifications, notamment dans Fantasia en 1940. J’ai gagné un peu d’embonpoint, ma peau a pris une couleur chair, mes yeux sont plus détaillés et mes vêtements se sont diversifiés afin de s’adapter aux histoires racontées.

Mickey Mouse

Très vite, je deviens mondialement connu, et je peux me targuer de parler aujourd’hui, grâce à la dernière série de Paul Rudish qui me représente sous mes traits d’origine stylisés, pas moins de trente-quatre langues. Et si, en France, mon nom est resté le même qu’aux Etats-Unis, il n’en va pas de même pour tous les pays. Je suis par exemple appelé Topolino en Italie, Musse Pigg en Suède ou encore Chuôt Mickey au Vietnam. On me trouve toujours dans des dessins animés, mais aussi dans les bandes-dessinées, les magazines, les objets dérivés, les émissions télévisées… Je suis même le premier personnage à recevoir mon étoile à Hollywood, en 1978. Ma fiancée Minnie devra attendre quarante ans de plus pour obtenir la sienne en 2018, pour commémorer les quatre-vingt-dix ans de Disney.

Ma consécration, je la dois à Walt qui, en 1948, décide d’investir dans un parc d’attractions à mon nom. Mon créateur ira au bout de ce projet, jugé complètement fou par ses contemporains. Les travaux se terminent et le parc est inauguré en Californie en 1955. Les visiteurs arrivent en masse, certains ont même forcé les portes pour découvrir les lieux. Au fil des années, les limites du parc sont repoussées pour créer toujours de nouvelles attractions, et d’autres comme celui-ci voient le jour en Floride, à Tokyo, Paris, Hong Kong et Shangaï. Un seul mot d’ordre : créer de la magie dans les yeux des enfants et dans ceux de leurs parents. C’est la raison pour laquelle je ne peux être visible à plusieurs endroits du parc en même temps : il ne doit exister qu’un seul Mickey. En revanche, les trois cercles qui me caractérisent sont cachés un peu partout dans les attractions et les décors, à vous de les retrouver !

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