Pourquoi donner envie de lire aux enfants

Avec l’expansion des ordinateurs, tablettes, smartphones, jeux vidéo et autres nouvelles technologies, le livre semble fortement concurrencé auprès des enfants et des adolescents. La tentation de l’image, la nécessité de se créer coûte que coûte un réseau social dont la popularité se compte en kilos d’amis virtuels ainsi que la culture de l’immédiateté dans la recherche d’informations viennent parasiter la lecture dont l’intérêt pourrait paraître obsolète aux yeux des jeunes.

Mais loin des bilans catastrophiques que nous aurions pu imaginer, toutes les études montrent que la jeunesse continue à garder le livre dans ses activités favorites. En moyenne, les Français achètent 6 livres jeunesse par an. Dans le top des ventes, la bande dessinée tient également le haut du podium avec 13 pour cent des ventes contre 29 pour cent pour les livres de lecture et 58 pour cent pour les livres illustrés.

Si le secteur semble surmonter les obstacles et la concurrence des autres activités destinées à la jeunesse, c’est que le livre offre un apport considérable aux futurs adultes. Les millions de lecteurs de moins de dix-huit l’ont d’ailleurs très bien compris et gardent cette activité parmi leurs favorites.

Quels secrets le livre renferme-t-il pour attirer encore et toujours les jeunes malgré toute la concurrence que nous avons relevée ? Pourquoi devons-nous continuer à inciter nos enfants à lire ? Comment essayer convaincre les plus réfractaires d’entre eux ? Qu’est ce que la Petite Souris peut apporter aux lecteurs en herbe ?

Maman qui lit un livre avec sa petite fille

Lire pour s’évader

Lire, c’est avant tout accepter de s’abandonner complètement à un univers qui nous est imposé. On pourrait dire qu’il s’agit d’un pacte entre l’auteur et le lecteur : l’auteur imagine des univers issus de son imagination, tandis que l’enfant accepte d’être emporté loin de chez lui, au gré des humeurs ou des vicissitudes du héros. Tandis que certains se retrouveront au Moyen âge, entourés de preux chevaliers prêts à accomplir des missions périlleuses, d’autres embarqueront pour le futur et découvriront un monde, souvent instable, aux technologies avancées. D’autres encore choisiront un dépaysement total grâce à des univers fantastiques où le seul maître mot est l’imagination. Les plus petits pourront être transportés dans l’imaginaire de l’enfance, près de figures connues comme le Père Noël ou encore la Petite Souris.

Mais tout cela ne bannit pas forcément le réalisme. L’enfant peut choisir une histoire dans laquelle il peut s’identifier au héros et suivre les rebondissements en même temps que lui. C’est le cas des séries policières ou des histoires de vie dans lesquelles un enfant ou un adolescent raconte son quotidien, finalement assez proche de celui du lecteur.

Chez les tout-petits, enfin, la traditionnelle histoire du soir confère un rôle primordial au parent-lecteur, celui d’emporter progressivement son enfant dans un autre monde peuplé de belles histoires.

Lire pour développer son imagination

Dans la même veine, la lecture permet de faire travailler l’imagination. Les adolescents recomposent un univers grâce aux descriptions proposées par l’auteur. Ils s’imaginent des paysages, des personnages ou des époques en confrontant les indices qui leurs sont accordés. Il arrive d’ailleurs assez régulièrement qu’un livre adapté au cinéma déplaise aux spectateurs qui ont déjà lu le livre et qui se sont imaginé des mondes totalement différents de ceux interprétés par le réalisateur.

Les plus jeunes peuvent être guidés par des histoires illustrées qui croquent les héros ou les lieux afin d’aider à s’approprier l’histoire. Quant aux albums, très riches en illustrations, ils aident les tout-petits à recréer un univers qu’ils ne sont pas encore capables de fabriquer par eux-mêmes.

C’est vers 8-9 ans que l’enfant découvre des histoires dont le seul indice concret réside bien souvent dans l’image de couverture. Libre à lui d’en inventer tout le reste, selon sa propre volonté. Parfois, les auteurs laissent carte blanche à l’imagination en évitant toute description qui obligerait le lecteur à suivre sa propre conception des personnages et des scènes. Certains enfants apprécient d’être maîtres des images qu’ils inventent et, lorsqu’elles sont imposées par l’auteur, passent parfois habilement les descriptions. Après tout, le lecteur est roi !

Reste le cas des histoires dont l’enfant est le héros. Cette fois-ci, le personnage est clairement identifié puisqu’il s’agit du lecteur lui-même. L’imagination s’organisera autour d’un être réel qui sera, lui, confronté à des situations issues de sa pure imagination, ou de celle de l’auteur.

Ce qui reste paradoxal, c’est que les spécialistes estiment que l’imagination est la plus active chez l’enfant entre deux ans et demi et six ans, âge où on lui impose davantage les images de l’histoire. Cela vient du fait que l’imagination ne va pas de pair avec la lecture et que cette dernière s’acquiert au moment où la création diminue un peu.

Lectures pour les enfants

Lire pour enrichir sa langue

Qui n’a jamais entendu que la lecture permettait d’acquérir une bonne orthographe ? Cela est partiellement vrai, même s’il faut nuancer cette assertion : un enfant qui n’est pas visuel ne verra pas toujours ses efforts en lecture récompensés par une bonne note en dictée ou en rédaction. Mais ce qui est certain, c’est qu’il engrangera un lexique de mots nouveaux, soutenus ou désuets, dans un coin de sa mémoire, afin de les sortir au moment opportun. La syntaxe des phrases s’améliorera aussi peu à peu car l’enfant apprend en grande partie par imitation de ce qu’il voit ou entend.

Pour les plus jeunes, Elisabeth Nuyts, auteur de La Grammaire structurante, préconise une lecture à voix haute qui permet à l’enfant de structurer son langage et sa pensée. Peu à peu, cette voix s’intériorisera, quand l’enfant aura acquis les bases de la langue. D’après elle, l’enfant doit également s’arrêter fréquemment et évoquer ce qu’il a lu afin d’organiser sa pensée.

Il ne faut pas non plus négliger l’apport des lectures en langue étrangère qui aident les adolescents à se familiariser avec une autre langue, un autre vocabulaire et une autre syntaxe. A l’instar des plus jeunes qui appréhendent leur langue maternelle, les plus grands baigneront dans une autre culture linguistique.

Lecture frère et sœur

Lire pour se cultiver

« Un peuple qui ne connaît pas son passé, ses origines et sa culture ressemble à un arbre sans racines », disait Marcus Garvey, militant de la cause de l’homme noir du début du 20e siècle. Effectivement, chacun doit connaître sa culture et ses racines pour s’ancrer profondément dans le monde sur lequel il repose. La lecture ne fait-elle pas partie de cette connaissance qui rassemble les Hommes ?

Grâce aux livres, les jeunes acquièrent des références communes à tous les gens d’un même groupe géographique ou idéologique. Ils peuvent découvrir les événements qui ont marqué leur Histoire grâce à des romans sur fond historique, ou les idées qui ont contribué à faire évoluer les mentalités. Nombreux sont les auteurs qui s’inspirent de leur vécu ou du vécu d’une population pour appuyer leur fiction. Les ouvrages de jeunesse qui mettent en scène un héros confronté à la seconde guerre mondiale, au siècle de Louis XIV ou à celui des Lumières sont légion. Au-delà de l’attrait romanesque, le livre apporte une connaissance plus universelle. Les ressorts de la fiction permettent d’engranger des informations plus facilement que dans des ouvrages purement théoriques et factuels.

Mais la culture ne se limite bien évidemment pas à l’aspect historique. Les courants littéraires dont les livres se font les porte-parole appartiennent également à une culture commune. Le livre est bien souvent la mise en voix d’une théorie, ce qui permet aux jeunes adolescents de matérialiser des idées souvent abstraites. Les livres sont avant tout polyphoniques et constituent à eux seuls un concentré d’informations qu’il importe de décoder.

Lire pour échanger et développer son esprit critique

Dans cette mesure, le livre et toute la culture qu’il renferme va développer l’échange interpersonnel. Une culture commune crée un réseau intellectuel grâce à des centres d’intérêt communs. La culture engendre une forme de tolérance de la part de l’enfant (et donc du futur homme) instruit.

Cela n’empêche pas pour autant de développer un certain esprit critique. L’échange de point de vue sur une lecture, la polémique peut se faire sans hostilité envers l’autre. C’est cette culture commune engrangée grâce aux livres qui permettra aussi d’apprendre la tolérance et l’écoute de l’autre. Chacun peut apprendre à développer un avis sur ses lectures, sans se contenter d’un « j’aime bien » ou d’un « je n’aime pas » ou, pire encore, d’un « c’est nul ». Devenir citoyen, devenir Homme, participer au monde qui nous entoure passe par cette capacité à exprimer par des arguments un ressenti de lecture.

Pourquoi as-tu aimé ? Pourquoi as-tu détesté ? A ces questions, un enfant doit pouvoir progressivement étayer sa pensée et mettre des mots sur des émotions : « je n’aime pas car l’histoire est trop complexe », « je n’aime pas car je ne parviens pas à m’identifier au héros », « j’aime car l’action m’a transporté dans un univers que je ne connaissais pas… » Tout en appartenant à une culture commune, l’enfant va pouvoir progressivement affirmer son opinion et son individualité. Il va se forger une personnalité différente de celle du voisin, ce qu’une émission de télévision ou un jeu vidéo ne parviendra pas à fabriquer.

Groupe de lecteurs

Les alternatives pour les réfractaires à la lecture ?

En matière de lecture, point de potion magique de Panoramix. Encore que ceux qui sont tombés dedans étant petits auront plus de chance de devenir des lecteurs avertis. Mais, finalement, ce n’est pas parce que l’adulte est grand lecteur que son enfant le sera aussi. Ce qu’il est important de créer, c’est un petit rituel, avant le coucher par exemple. L’enfant qui voit ses parents tourner des pages et les regarder imitera ces gestes. Il parviendra, petit à petit, à prendre l’habitude d’ouvrir un ouvrage, jusqu’à y trouver un plaisir personnel.

Les choses se compliquent le plus souvent à l’adolescence, moment où les jeunes s’opposent à leur éducation et développent leurs propres centres d’intérêt. Ils relèguent alors la lecture au second plan. Nul besoin de forcer à lire ou d’imposer certains ouvrages. En revanche, amener l’adolescent dans des librairies ou bibliothèques, lui proposer un panel de livres aux genres et écritures divers lui permettra de préciser ses goûts littéraires. Un magazine, un manga, une bande dessinée, tout est prétexte à ramener la brebis égarée vers la lecture, ce qu’il fera sans doute de lui-même, à condition que l’élan ait été donné dans son jeune âge.

Depuis quelques années, les supports se multiplient pour encourager les jeunes à lire. Le livre numérique en fait partie : il permet d’associer les nouvelles technologies au plaisir de la lecture, tout en permettant de l’emporter en toutes circonstances. De la même façon, de plus en plus de livres audio peuvent se télécharger sur Internet. Des sites se sont d’ailleurs spécialisés dans le domaine. Il ne s’agit pas à proprement parler de lecture, mais les jeunes peuvent tout de même acquérir une culture littéraire par l’intermédiaire d’une voix. Enfin, certaines maisons d’édition ont développé des ouvrages pour enfants présentant des troubles de la lecture, comme la dyslexie. Grâce à une police de caractère graissée vers le bas et des textes aérés, elles leur permettent de profiter comme n’importe quel autre enfant du plaisir de la lecture.

Et la Petite Souris ?

Les albums de la Petite Souris ont pour vocation d’aider les enfants à découvrir la lecture par l’intermédiaire d’un personnage qui leur est familier. Ils suivront les aventures d’Adam et Lali qui ont pour mission de remplacer les dents placées sous l’oreiller contre un sou. Malheureusement, les événements ne se déroulent pas toujours comme prévu. Les aventures de la Petite Souris amènent les plus jeunes à découvrir de nombreuses régions de France et leurs coutumes.

Six ans est à la fois l’âge auquel l’enfant perd sa première dent, mais aussi celui auquel il commence à lire. De quoi joindre l’utile à l’agréable grâce aux histoires adaptées à leur âge et illustrées de manière expressive, avec des couleurs vives. Et comme la vérité sort de la bouche des enfants, rien de tel que ces quelques morceaux choisis pour vous en faire votre propre idée :