Aujourd’hui, je vous propose un scoop ! Il s’agit d’un reportage exclusif dans l’atelier de fabrication des fameuses médailles souvenir Arthus-Bertrand, de la collection Trésors de France. C’est un endroit secret et très bien gardé où seule une petite souris peut se faufiler.
La maison Arthus-Bertrand a le privilège de fabriquer la Légion d’honneur. Cette médaille instituée en 1802 par Napoléon Bonaparte est la plus haute décoration honorifique française.
L’atelier que j’ai visité se trouve dans sa filiale Pichard-Balme fondée en 1833 et implantée dans la belle ville de Saumur, au cœur du Maine et Loire.
C’est là que sont fabriquées des médailles commémoratives, militaires et religieuses, mais aussi et surtout les fameuses pièces de la Petite Souris !
Les artisans qui travaillent dans ces ateliers possèdent un savoir-faire ancestral. Le procédé de fabrication pour la frappe de médailles et monnaies n’a pas changé depuis des siècles.
J’ai croisé des machines qui sont de véritables pièces de musée.
L’élaboration d’une médaille souvenir relève de l’artisanat d’art à son plus haut niveau. Voici les principales étapes du processus de fabrication qui mêle savoir-faire et technique de très haute précision.
Le dessin de la maquette
Une fois que le sujet qui sera représenté sur la médaille a été choisi avec le commanditaire, la première étape du processus consiste à en dessiner une esquisse.
Ce travail est confié à l’atelier de dessin et de sculpture dont le directeur artistique n’est autre que Joaquin Jimenez. Ce célèbre artiste médailleur et designer monétaire a créé de nombreuses pièces de monnaies. La plus répandue étant celle de 2 euros.
A partir d’un ou plusieurs dessins, une maquette de la médaille sera créée.
Pour la nouvelle pièce de 2 sous de la petite souris, le dessin original était celui-ci :
La réalisation d’un modelage en plâtre
Lorsque la maquette est finalisée et validée par le commanditaire de la médaille, un modelage en plâtre est réalisé par les artistes sculpteurs. Celui-ci peut mesurer jusqu’à 50 cm de diamètre. C’est avec ce premier modèle en trois dimensions que la future médaille va prendre tout son relief.
Dans les réserves de cette fabrique centenaire, sont stockés tous les moulages en plâtre des médailles fabriquées au fil des années :
La fabrication de l’outil de frappe des médailles
Lorsque la maquette de la médaille est terminée, une empreinte est réalisée en résine dure. Cette copie en négatif va servir à fabriquer l’outil de frappe de la médaille.
L’opération est très longue. Un pantographe reproduit fidèlement et en réduction, chaque détail dans un bloc de métal.
Cela permet d’obtenir une forme en acier qui viendra marquer la face des médailles lors de la frappe. Des imperfections éventuelles sont retravaillées à la main par des graveurs expérimentés
Voici les matrices qui ont été utilisées pour frapper les pièces de 1 et 2 sous de la petite souris :
La découpe des jetons
Des jetons lisses sont découpés dans des plaques de Nordic Gold. C’est un alliage de métal : Cuproalu-zinc-étain CuA15Zn5Sn1 – sans nickel.
La traduction littérale de Nordic Gold est : Or Nordique
Il a la couleur et la brillance de l’or, mais ce n’est pas de l’or. Sinon les pièces produites seraient beaucoup plus chères !
C’est à partir de cet alliage que sont fabriquées les pièces en euros de 50 cents, 20 cents et 10 cents.
Sa composition exacte est : 89% de cuivre, 5% d’aluminium, 5% d’étain et 1% de zinc.
Il est non allergène et a l’avantage de posséder une action antimicrobienne ainsi qu’une bonne résistance au ternissement.
Le métal restant après la découpe des jetons sera refondu pour être utilisé dans la fabrication de futures médailles.
La frappe des médailles
Après avoir été découpés, les jetons lisses sont frappés à l’aide de l’outillage précédemment fabriqué. Le principe de frappe monétaire est le même depuis des siècles. Seule la force actionnant la frappe a changé et l’automatisation permet de frapper à une cadence plus élevée.
Selon le glossaire numismatique, les jetons se nomment des flans et les outillages servant à marquer la face et le revers de la pièce se nomment des coins.
Une seule frappe d’une force de 160 tonnes imprime simultanément les motifs sur les deux faces de la médaille.
Après la frappe, les pièces obtenues ont une tranche cannelée, un diamètre de 34 mm, pour une épaisseur de 2 mm et un poids de 16 grammes.
Comme vous pouvez le voir sur cette photo, le jour de ma visite, l’atelier frappait de très jolies médailles souvenir du Mont Saint Michel.
Sur la face de la médaille on a la sculpture en bas-relief du deuxième monument le plus visité de France, alors qu’au revers on retrouve l’emblème de la maison Arthus-Bertrand et le millésime, c’est-à-dire l’année de frappe.
Pour certains tirages, une petite quantité de médailles est numérotée et glissée sous pochette plastique scellée et transparente pour conserver un état totalement neuf dit Fleur de coin.
On trouve certaines de ces pièces de collection dans la séries des sous de la Souris.
Les médailles ainsi fabriquées chez Pichard-Balme pour Arthus-Bertrand sont belles comme des pièces de trésor. Elles brillent tellement qu’elles sont difficiles à photographier
Elles font la joie des collectionneurs mais aussi des enfants à qui je les apporte en échange d’une dent de lait tombée.
Il existe 6 modèles de médailles fabriquées par Arthus-Bertrand pour la Petite Souris :